Linda Bastide est une fille du midi. De ce midi que le soleil inonde pour couvrir d’or et de lumière les souvenirs d’enfance et ceux d’une vie. Lorsqu’elle quitte son adolescence et son Narbonne natal pour s’en venir à Paris, ce sont alors les étoiles qui se font complices de ses jeux. Star ou starlette, elle se prénomme Jacqueline Vandal et tourne en France comme à l’étranger. En 1964, elle est la jeune fille du film de Jean-Claude Chambon Les Pieds nickelés aux côtés de Charles Denner, Jean Rochefort, Micheline Presle... La même année, elle poursuit la comédie avec Annie Cordy, Eddie Constantine et Nino Ferrer dans Ces Dames s’en mêlent de Raoul André. A l’instar de Jacquie, la jeune femme de La Dérive, le film de Paule Delsol, qui tente de réaliser ses rêves, Jacqueline Vandal troque son image de vamp des couvertures de magazines, pour l’aventure feutrée des couvertures de livres qu’elle se promet d’éditer. Un roman écrit comme un conte : Le journal immobile d’Eléonore, célèbre les attaches de Linda Bastide aux Corbières, tandis que Montmartre raconté par 36 poètes d’aujourd’hui, Ed. Poètes à vos plumes, confirme ses amours pour la poésie et ce Montmartre où elle a ancré son bateau depuis fort longtemps.
De la Cité Véron où elle demeure, à la rue Des Trois Frères, il n’y a qu’un pas. C’est là qu’elle retrouve son ami de toujours Marcel-Charles Gaichet. Comme elle, il a quitté les terrains de jeux de son enfance, les garrigues et ses asphodèles pour planter sur la Butte, le décor que ses rêves habillent chaque jour dans sa boutique du Tuturlu de la rue Berthe. Le tout Paris des arts et du spectacle pénètre dans l’antre du créateur pour y venir chercher sa poupée, son double, son autre moi, ou rêver l’espace d’un instant d’un monde féerique. Combien de divas, de Piaf à Bardot, de Greco à Dietrich, combien de Pierrots et Colombines, de Clowns et Arlequins, le Prince créateur de cet univers, tel un pygmalion magicien, a-t-il dessiné en quelques coups de pinceaux sur les visages de cire ou les têtes de porcelaine ? Poupées stars, poupées à taille humaine, tels les Aristide Bruant et Toulouse Lautrec, les danseuses du Moulin Rouge et Valentin le désossé, sillonnent la France et le monde, sans jamais faillir, sans jamais mourir.
Dans ce lieu devenu mythique, les nuits d’été, Marcel-Charles Gaichet y organise les fêtes les plus folles, les spectacles les plus fous, où toute une génération d’artistes, de comédiens, de chanteurs, de musiciens… aimera se retrouver d’année en année, gardant au coeur le souvenir d’un temps que l’on ne connaît plus !