Marcel-Charles ou Le côté d'où vient le soleil

Marcel-Charles ou Le côté d'où vient le soleil

/En vente depuis le 15 Octobre 2010/

(éditions NP)

Livre d'Art, 280 pages, 430 photos couleurs
Edition classique limitée 35 € / 200 exemplaires numérotés 45 €


Recueil à commander chez l'auteur

 (Frais de ports 4,25 € sauf pour les parisiens et la région narbonnaise)

Linda Bastide
17 rue Véron
75018 Paris

bastidelinda@gmail.com
06 36 56 19 21





Presse :

Voir Grand - (20 000 exemplaires)  /  Immédia - (40 000 exemplaires) /  Paris-Monmartre

 L'indépendant du 18 Octobre 2010



Prix 2010


Préface :

Marcel-Charles Gaichet était de ces rares princes, arpenteurs de l’imaginaire qui
enchantent la vie naturellement, et la perdent par surprise sur la route de nulle part.
Avec ce nouveau recueil « passeur de mémoire », Linda Bastide fait de ce Peter Pan
languedocien une figure de légende ancrée dans la chair d’un poète, un personnage de
conte entre Daudet et Marcel Aymé, ce qu’il était destiné sans doute à devenir, et le
voilà parti pour la contrée intemporelle du « Il était une fois », véritable patrie de ce
Narbonnais naturalisé Montmartrois.

Si le rêve est bien pour lui une réalité seconde, la trajectoire terrestre de Marcel-
Charles, galopin des garrigues emporté par la tramontane jusqu’aux falaises de la
Butte, ne manque pourtant pas d’intérêt. Bien sûr, à l’heure où les autres s’écorchent
les genoux à l’escalade, il dessine seul, déjà, et fabrique des poupées de chiffon… Nul
mieux que lui peut incarner le cancre de Prévert : à 15 ans, en cinq heures, le
dessinateur prodige, bon dernier à l’école, couvre de fresques les murs du café dancing
de Narbonne plage. C’est le début du voyage…

Avec tendresse, Linda Bastide récolte entre ces pages toutes les facettes du talent
éparpillé de l’artiste, grâce à l’aide de ses nombreux amis collectionneurs : la publicité
suit le mouvement de son rêve, et ce sont affiches, petites merveilles comme la série
d’étiquettes du vin de Château Auris. Voici surtout, à découvrir pour beaucoup, les
nombreux dessins, esquisses et toiles où, comme toujours dans l’oeuvre de Marcel-
Charles Gaichet, la grâce innée et l’harmonie fredonnent la même mélodie du bonheur
mélancolique. Voyageurs solitaires, anges indécis, gitans efflanqués, regards d’enfants
tristes, de pierrots perdus, oiseaux et ballons y font entendre en aparté le chant sans fin
de la vraie vie absente.

Et quel plaisir encore de voir renaître la vitrine de la petite boutique montmartroise de
Marcel-Charles, où il exposait ses splendides marionnettes : impossible pour ceux qui
l’ont connue d’oublier cette vitrine du « Tuturlu », qui était comme une déchirure dans
la trame des jours gris, bien plus qu’une vitrine l’envers d’un miroir où se reflétait
l’invisible, peuplé d’étranges visages peints aux yeux vivants : divas de porcelaine,
fées blanches, femmes-fleurs, pures beautés, poupées stars — Greta, Édith,
Mistinguett, Brigitte, Joséphine, Barbara… — fantasques pierrots, saltimbanques,
clowns ou danseuses de 1925 s’y pavanaient pour une enfance jamais défunte, dans un
ailleurs sans fin, un espace de transition entre l’ici et l’au-delà à l’orée duquel se tenait
l’énigmatique poste d’octroi d’un Teppaz bleu. C’était là, dans cet antre de haute
magie accroché au toboggan de la rue Berthe, que le monde imaginaire de Marcel-
Charles avait pris forme, sorte de Wonder land d’Alice qui aurait perdu ses griffes
mais pas sa sourde mélancolie. Le Gepetto de la Butte donnait la vie aux visages de
cire ou de porcelaine, il offrait une âme, le mystère d’un regard, la tristesse d’une
lèvre, à ces petits êtres indécis du monde intermédiaire, saisis entre la vie et la mort.
De la rue Berthe à la rue Labadie, Marcel-Charles continua de mettre en scène une
mythologie personnelle où les arlequins, pierrots et colombines finissent par rejoindre
Bruant, Lautrec, poulbots, où les figures mythiques de la Commedia dell’Arte et celles
du Montmartre artistique se mêlent pour composer un univers baroque et fascinant.
Merci à cet ouvrage de nous donner à voir aussi tous ces magnifiques portraits peints :
Marilyn, Piaf, Barbara, ou ces figures anonymes de pêcheurs, boulangères, couples,
sans oublier une Rouquine brûlante qui crépite de toutes ses flammes…
Dans les coulisses de l’ode à la vie se tiennent les visages de la nuit au regard
d’ailleurs : le Clown triste, le Masque, saisis de l’abîme où la détresse les a jetés, et
d’où l’on sent qu’ils ne remonteront jamais. Jusqu’à ce terrible autoportrait démasqué
et son estafilade de sang.

Esquisses, fresques, vitrail, Marcel-Charles Gaichet n’a cessé de s’exprimer sur toutes
les surfaces, sont jamais éteindre en lui la fièvre de créer. Rappelant qu’il ne manquait
ni du sens de l’amitié ni du goût de la fête, Linda n’oublie pas de faire revivre les
beaux jours de la Berchère : dans cette place forte — ancienne résidence d’été de
l’archevêque de Narbonne ! — le petit prince accueillait amis célèbres et anonymes à
toute heure du jour ou de la nuit, faisant souffler sur la garrigue l’atmosphère
vivifiante de la bohème artistique. Durant de nombreuses années, les fidèles de partout
s’y rencontrèrent chaque été, au point d’en faire le temple des nuits languedociennes,
manière de prolonger l’écho des fêtes qu’y donnait jadis une certaine Angélique,
marquise des Anges…

Marcel-Charles Gaichet a disparu avec la même grâce qu’il mettait à ses apparitions
surprises au coin d’une rue printanière, la même élégance dont témoigne aujourd’hui
son oeuvre : sans s’appesantir. Il était temps que l’une de ses amies les plus chères
nous le restitue. Linda Bastide fait passer à travers les trouées du temps le fil
indéfectible de la mémoire : elle tisse un livre d’or de la vie selon Marcel-Charles
Gaichet, avec de la poésie plein les doigts et les cheveux, à l’image de cet éternel
enfant, ce frère d’âme barbouillé de peinture et de rêve.


Jean-Manuel Gabert


retour  -  retour au menu